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Bible et cinéma
La Bible à l’écran
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La Bible à l'écran Recension Approfondir Recension de « La Bible à l'écran » (Anne-Marie Baron, dir.), par Gérard Billon
Anne-Marie Baron, direction Curieusement, il n’y avait pas, en français, d’ouvrage sur le sujet ; il avait seulement été traité de biais dans un excellent numéro de la même collection intitulé « Croyances et sacré au cinéma » (n°134, 2010). Spécialiste reconnue de Balzac et de l’adaptation littéraire au cinéma, lectrice attentive de la Bible, Anne-Marie Baron (A.-M. B.) s’y est risquée, entourée de dix-sept auteurs, parmi lesquels on citera Claude Aziza, rompu au genre « péplum », ou Adele Reinhartz, auteure canadienne d’une étude non traduite en français : Scripture on the silver screen (2003). La contribution de cette dernière sur les « saints héros d’Hollywood » concerne surtout la caractérisation de Jésus comme personnage de cinéma ; on pourrait la continuer en revenant sur sa caractérisation diversifiée dans les évangiles. De même, la référence obligée à Pier Paolo Pasolini (par René Marx) repose la question fort ancienne du « sacré ». L’ouvrage comprend vingt articles organisés en cinq sections : « Péplums bibliques », « Jésus-Christ vedette de ciné-ma », « Mauvais genres ? Grands cinéastes », « Télévision et cinéma », « Métaphores bibliques : Morale et métaphysique en action ». On pourra regretter ici ou là des imprécisions exégétiques, mais on ne niera pas la compétence proprement esthétique. Deux insistances méritent d’être soulignées : d’une part la question est traitée en tenant compte de la réception tant en judaïsme qu’en christianisme et d’autre part des genres tels que le western ou les séries B sont examinées – ainsi que le film documentaire. Enfin, outre l’ombre contrastée de Cecil B DeMille, on (re-)découvre quelques cinéastes majeurs dont les oeuvres, non bibliques, sont travaillées par des récits ou des motifs bibliques : ils sont célèbres tels Daren Aronovsky, les frères Coen, Terrence Malick ou moins connus tel John Michael McDonagh. A.-M.B. signe plusieurs articles dont l’un, avec Italo Manzi, sur les « héroïnes bibliques, icônes cinématographiques » ; la typologie même (Matriarches, Vierges, Traîtresses, Courtisanes) est tiraillée entre les sources scripturaires et la réception libre où l’imaginaire (individuel, social) s’affole : éloquent est le parcours de Salomé, jamais nommée dans la Bible, ou de Marie-Madeleine, « inventée » à partir de données éparses. Mais on lira aussi avec intérêt son Préambule. Ample (avec hommage à Northrop Frye et Robert Alter), il invite à poursuivre le sillon de « l’histoire de la réception ». En suspens, une question : la réception – ici par le cinéma – permet-elle de relire à nouveau (et comment ?) les textes sources ? |