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Epître aux Romains
L'épître aux Romains
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L'épître aux Romains Recension Approfondir Recension du livre de Karl Barth : "L'épître aux Romains", par Christophe Raimbault.
Karl Barth, L’épître aux Romains Alors que les protestants commémorent les 500 ans de la Réforme, voilà une nouvelle édition de ce grand commentaire qui a fait date. Pourquoi ? Quelle actualité a-t-il aujourd’hui ? Dans son avant-propos inédit, Christophe Chalamet (C.C.) pose ces questions. Le commentaire de Romains par Karl Barth (1886-1968) est paru en allemand en 1918, puis sous forme révisée en 1921. Il a été réédité six fois et traduit en français en 1972. Dans cette réédition, on retrouve la note liminaire du traducteur et la préface de chacune des six éditions en allemand. Pour C.C., ce commentaire « était une bombe » dans le paysage théologique, dès le départ et encore aujourd’hui. Relativisant l’exégèse historico-critique, il propose une exégèse théologique. Barth entre dans la compréhension et le sens du texte (verstehen), sans en rester à une simple mise en contexte ou à une simple comparaison avec d’autres textes contemporains (erklären). Ce projet demeure ambitieux : « Là où Luther a réformé l’Église, Barth a cherché à réformer la théologie protestante. » S’appuyant sur quelques données biographiques de Barth, C.C. explique de façon très intéressante comment la pensée de l’auteur s’est forgée peu à peu dans le concret de son expérience pastorale et dans une confrontation avec les courants de pensée de son époque. On peut alors mieux comprendre la « pensée tortueuse » de Barth (p. VIII) selon le mouvement des voies de Dieu, la dialectique du « oui » et du « non », la « théologie de la crise ». Dieu, en Jésus mort et ressuscité, juge et dit « non » à l’hybris humaine, la violence et la religion mais, en même temps, il fait grâce et fait un « volte-face » vers le « oui » à l’homme. C.C. donne alors sa propre appréciation. Le commentaire de Barth est toujours d’actualité. Il est incontournable quand on lit Romains, en dépit de sa difficulté de pensée, « de la terminologie et de l’apparat philosophique parfois dépassés comme aussi certaines faiblesses au niveau du contenu » (p. X). Il réussit une heureuse reprise théologique de l’eschatologie, tant attendue au début du xxe siècle, et ouvre une articulation, comme un chemin, entre le Jésus historique et Jésus le Christ, entre le Créateur et la créature, entre Dieu et l’homme. Gageons que cet avant-propos, comme une clef de lecture, donnera au plus grand nombre l’envie de plonger ou de replonger dans ce grand commentaire pour mieux comprendre la pensée protestante du xxe siècle et le goût de relire la source inépuisable qu’est la lettre aux Romains. Recension parue dans le Cahier Évangile n°178 (décembre 2016), « La miséricorde dans la Bible », p. 68.
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