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Moïse
Moïse en version originale. Enquête sur le récit de la sortie d’Égypte
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Moïse en version originale. Enquête sur le récit de la sortie d'Égypte Recension Commencer Recension du livre de Thomas Römer : "Moïse en version originale. Enquête sur le récit de la sortie d'Égypte", par Jean-Claude Becker.
Thomas Römer Ce livre fait suite à des cours donnés par Thomas Römer(T.R.) au Collège de France, à la chaire des Milieux bibliques. L’auteur nous invite à relire dans le détail les quinze premiers chapitres de l’Exode, à revenir à cette « version originale» d’une biographie de Moïse, en deçà de tous les développements et représentations qui en sont issus. T.R. n’est pas en quête d’historicité et affirme dès le premier chapitre que « ce n’est pas la fuite d’un petit groupe de nomades ou de marginaux qui est constitutive du judaïsme, mais la construction du récit tel qu’il se trouve dans le livre de l’Exode ». C’est donc sur ce récit que porte l’étude de l’auteur, un récit qui aurait été précédé d’une tradition orale d ela sortie d’Égypte, née dans le royaume du Nord. T.R. dissèque ces textes au scalpel, distinguant les versets relevant d’un récit primitif (une « Vie de Moïse »), de ceux relevant d’une rédaction sacerdotale ou non-sacerdotale (deutéronomiste) qui seront réunies secondairement, ou encore d’interventions postérieures, en particulier lors des éditions de l’Hexateuque puis du Pentateuque (l’emploi de couleurs pour distinguer tel ou tel niveau de rédaction permet de suive plus facilement ces propositions). Cette analyse littéraire le conduit à discerner différentes étapes dans la formation de ces récits. La lecture de ce livre peut d’ailleurs commencer par la conclusion qui présente de façon synthétique les hypothèses concernant ces étapes. T.R. se réfère régulièrement à des documents extra-bibliques, certains connus, comme le récit de la naissance de Sargon mis en rapport avec celui de la naissance de Moïse, d’autres plus érudits en provenance d’Égypte, d’Ougarit ou de Mésopotamie. Il évoque de nombreuses étymologies hébraïques, mais aussi akkadiennes, égyptiennes, etc. et rapporte, pour les discuter, certains commentaires ou interprétations de ces récits. La présentation de ce minutieux travail historico-critique est soignée avec quelques cartes, tableaux et illustrations. Il est d’un grand intérêt pour comprendre et expliquer les tensions, contradictions, doublons, que la lecture attentive de ces chapitres découvre aisément. Il propose également des hypothèses intéressantes quant à laformation du livre de l’Exode. Voici l’occasion de reprendre l’étude d’un passage important du Pentateuque avec, si possible, le texte massorétique sous les yeux. Néanmoins, on peut être parfois étonné (et admiratif) de la précision avec laquelle l’auteur découpe les versets et les attribue à telle ou telle rédaction ou édition. Il nous reste alors à reprendre la lecture suivie de ces chapitres pour y lire le fondement de la foi d’Israël : le récit de l’intervention d’un dieu libérateur qui fait naître son peuple à la sortie de la maison de servitude. Recension parue dans le Cahier Évangile n° 176 (juin 2016), « Femmes bibliques vues d’Afrique », p. 67.
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